Nos coups de coeur 2014

© Delcourt

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Le Sens – Marc-Antoine Mathieu

Un homme suit des flèches. Durant 256 pages…

Tandis que les flèches se forment et se transforment, l’homme les cherche, s’y heurte, les laisse le transporter… Il marche, hésite, s’élève, tombe, se risque, se perd puis s’abandonne.

Cherche-t-il quelque chose ?

Que suit-il ? Que suit-on ? Que suis-je ?

Car c’est bien de chacun d’entre nous dont il est question ici, de notre cheminement, de nos choix et de nos non-choix.

Quel est le sens de notre vie ? Y en a-t-il un d’ailleurs ?

Graphiquement déroutant, ce récit muet invite à la méditation et met le lecteur sens dessus dessous à condition cependant qu’il souscrive au message crypté que nous livre l’auteur : « L’absurde n’a de sens que si on l’accepte »

Anne-Cécile.

© Dargaud

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La passion de Dodin-Bouffant – Mathieu Burniat

Voilà un livre qui tombe à point nommé : il recèle en effet de quoi donner un peu d’esprit aux agapes de fin d’année. Il s’agit de l’adaptation en bande dessinée d’un classique de la littérature gastronomique, le roman de Marcel Rouff paru en 1924.

Déjouant toute pesanteur, Mathieu Burniat suit une recette particulièrement efficace : primauté du trait – à la Daumier – sur le texte, humour elliptique couplé à une certaine forme d’érotisme : le gourmet a pour ses cuisinières, véritables héroïnes de l’histoire, un amour qui n’est pas complètement platonique, et son pot-au-feu transforme les convives, dont son grand rival le prince d’Eurasie, en séraphins ventripotents atteignant l’orgasme.

Un récit en images fort bien troussées donc, à déguster sans modération avant ou après ripaille.

Malo.

© Futuropolis

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La lune est blanche – Emmanuel et François Lepage

Si vous aimez les voyages étonnants, froids et blancs, je vous invite à découvrir le travail croisé d’Emmanuel, qui utilise différentes techniques (aquarelle, encre, fusain…) et de François Lepage, photographe.

Les deux frères, rêveurs de glaces, ont embarqué dans les pas d’illustres explorateurs vers les terres inhospitalières et pourtant si attirantes de l’Antarctique à l’invitation de l’institut polaire français.

Les souffles de Jean-Baptiste Charcot, de Paul Émile Victor habitent cet album qui conte avec ferveur leurs aventures mais les dessins et les photographies se mêlent dans les planches pour surtout nous faire partager le quotidien d’une équipe de scientifiques, de techniciens, de cuistots qui se rendent en Terre-Adélie puis à la station Concordia, communauté éphémère.

Un raid extrême qui n’est pas sans heurts; on partage les doutes, les joies de ces passeurs de rêves que sont les Lepage qui nous permettent de vivre par procuration cet ahurissement devant l’étendue des glaces, cette perte de repère, cet oubli du monde ; lire La lune est blanche, c’est glisser « sans bruit sur le miroir d’une autre réalité ».

Véronique.

© Glénat

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Elric – Tome 2 – Stormbringer

A la fin du Tome 1, Yyrkoon s’enfuit en enlevant Cymoril, la femme de son cousin l’Empereur Elric. Ce dernier se lance à la poursuite du traître.

Chacun de nous doit faire face aux attentes des autres, de la société. Mais comment affirmer son identité et sa différence, accomplir sa destinée sans se renier ?

Pour sauver sa bien aimée, Elric va s’unir à Stormbringer, l’épée éternelle « Dévoreuse d’âmes », fille du Dieu Arioch. Elric va devoir tuer pour que Stormbringer se nourrisse et lui transmette le fluide vital dont il a besoin. Ainsi, pour protéger de lui-même et de sa nouvelle amante celle qui l’aime et qui est sa raison de vivre, l’exil et l’errance se profilent.

Peut-on échapper à la fatalité lorsque l’on passe des alliances et que l’on lutte avec des Dieux ? C’est à ce stade que s’achève le second opus qui, au travers des dessins ciselés, sombres et pourtant chatoyants, donne vie à l’imaginaire collectif de cette œuvre majeure de la Dark Fantasy.

Le combat intérieur inhérent à chacun de nous ne fait que commencer pour Elric.

Zahou.

© Urban Comics

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Saga – Brian K. Vaughan et Fiona Staples

Les peuples de la planète Continent et de son satellite Couronne sont en guerre depuis des lustres.
Ils s’affrontent sur la planète Clivage afin d’éviter les dommages collatéraux.

Mais au milieu de ce chaos, Hazel vient de naître.
Ses parents, Alana et Marko, vont alors devoir s’enfuir afin de protéger ce symbole d’espoir pour leurs peuples respectifs.

Des chasseurs de prime, un prince robot, un chat détecteur de mensonge, un arbre fusée, le tout dans un univers mêlant magie et technologie: avouez que la richesse de ce récit est particulièrement alléchante !

Ce Roméo & Juliette à la sauce Space-Fantasy est une référence du genre. Son prix de la meilleure série obtenu aux Eisner Awards cette année ne saurait me faire mentir.

Néness.

© Delcourt

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Okko – Tome 9 – Hub

Mon coup de coeur pour cette année sera le tome 9 de la série Okko de Hub qui en est à la fois le scénariste et le dessinateur.

Dans ce tome, qui est l’avant-dernier de la série, l’auteur a choisi un angle bien différent des précédents albums: nous ne suivons plus la quête d’Okko et de ses compagnons mais nous découvrons sa jeunesse et celle de Noburo (son fidèle lieutenant au visage dissimulé par un masque rouge).

Le parti pris de l’auteur est de montrer comment s’est forgée la personnalité d’Okko et quelles liens unissent les divers protagonistes. Hub alterne habilement le récit de l’enfance d’Okko et de son éducation avec les scènes d’actions et retranscrit à merveille l’ambiance du Japon d’antan dans un récit immersif pour le lecteur.

Ce tome nous permet d’avoir des réponses à quelques questions distillées dans les 8 tomes précédents et nous annonce un final en apothéose pour l’une des meilleures séries des années 2000. Le seul regret à la fermeture de l’album est de devoir attendre encore quelques mois la conclusion de l’histoire.

Bouri.