L’album de Bézian, publié chez Delcourt, s’ouvre sur trois planches en couleurs, dans un train. Basile Far, imposant, a « l’élégance de certains personnages massifs, plutôt Hardy que sergent Garcia » et il nous embarque dans une enquête en noir et blanc.

© Delcourt

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Que cherche-t-il ? Tout semble confus et échappe au lecteur comme au personnage; les couleurs, les visages, le temps, les situations…

Où sommes-nous ? Dans une ville de province proche de Carcassonne, un village fantôme construit en cercles concentriques qui enferme Basile dans une parenthèse nostalgique. Le programme télé du café-restaurant où il séjourne propose « Thierry la Fronde » ou « Bonne nuit les petits ».

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Bézian a inséré ça et là des réclames, des menus, des voitures ou des nappes à carreaux qui sentent bon l’ambiance désuète des villes de province des années 50.

Nous sommes dans une ville fantôme où, comme dans l’Affaire Saint-Fiacre de Simenon, « l’épicerie est toujours tenue par la même épicière qui, après trois mots de retrouvailles, parle à Maigret comme si il n’était jamais parti. »

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Les dialogues sont rares et le récit est pris en charge par les récitatifs qui accompagnent les allées et venues de Basile, prennent en charge les circonvolutions de sa pensée, de ses souvenirs. Voix off et images : Bézian par son travail du clair-obscur donne vie aux façades, aux grilles, aux sols carrelés, aux murs : 
« Les murs partout. Des murs d’enceinte, ventrus, délicatement tachés par les lichens. Des murs qui écourtent la vue. » Le paysage s’impose, véritable acteur de la quête.

Les planches mangées de noir entrent en résonance avec la solitude et le silence de cet homme mélomane. Il faut donc suivre sa musique en prenant bien soin d’observer, d’admirer le dessin, le mouvement de Basile dans le vent, sous la neige, jusqu’à la tempête et l’apaisement.

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