Les éditions Les rêveurs ont eu la bonne idée d’éditer plusieurs inédits de Baru, des travaux de commande divers pour la Poste, l’Équipe ou d’autres, selon les sollicitations.

L’album nous convie, à l’image des personnages bariolés qui posent fièrement face au lecteur sur la couverture, à une promenade privilégiée dans ces récits parus depuis une vingtaine d’années.

© Les rêveurs

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Baru, dans les pages liminaires et manuscrites de ces histoires, nous précise qu’il a su « y insuffler sa petite musique personnelle » et on retrouve en effet tout le talent de ce dessinateur capable de donner forme et couleurs aux blousons noirs des années 60 étriqués, aux banlieusards privés de plage ou au pilier de bar soixante-huitard…

© Les rêveurs

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Les histoires s’enchaînent, primesautières et ironiques parfois quand il revient sur ses débuts ou son prix à Angoulême en 1985, et on pouffe comme la petite vieille qui entourloupe « Jean-Michel », trop bon gars, lui, qui continue à visiter cette vieille isolée dans son quartier et à lui faire ses courses. L’approche est sociale comme souvent chez Baru, en prise avec la réalité de son époque à qui il offre son regard distancié et lucide. Toujours juste, il évite la caricature et la facilité.

© Les rêveurs

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Il faut s’attarder sur les huit aquarelles centrales réalisées en 2001 pour la suppression du service militaire obligatoire ; les bulles, les voix sont ici inutiles. La force du dessin met, en parallèle, les conscrits, les appelés de tous temps qui n’avaient pas choisi ces guerres, ces champs de batailles qui se dressent en seconde planche. Leurs visages alors disparaissent, reste l’anonymat de la mort, massive et organisée, que la vision des deux pages, côte à côte, nous impose de manière saisissante. L’ensemble se termine par les sourires et le mouvement d’une jeunesse libérée, enfin, de ce poids.

© Les rêveurs

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Le mouvement d’une société, voilà bien ce que Baru réussit à capter par un trait vif, un découpage rythmé. Les personnages courent, sautent, fuient en bagnole ou plongent avec une élégance désespérée d’un toit toulousain… Le plaisir de l’œil et le plaisir de la lecture, que demander de plus… Alors merci encore à Saint-Marcel !

Et puis, parce que Brest est une ville en mouvement et qui rocke, Baru était déjà dans la place en 1986; clin d’œil à l’album « Quéquette Blues »http://www.peintures-fragiles.com/bloas-interv-1984-89/interv-198607.html

© Tonnerre de Brest - 1986

© Tonnerre de Brest – 1986

Véro.

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