© Dargaud

Saint-Nazaire, été 1915: Le Maine, paquebot transatlantique, va lever l’ancre. Parmi les passagers qui embarquent en première classe, une belle métisse sous une ombrelle. Luxe, calme… Pourtant l’Europe est en guerre. Du côté de Gibraltar, un des carrefours du monde et de ses trafics, les armes sont l’objet de convoitises meurtrières. Représentées par archétypes – certains attendus comme cet officier britannique arrogant à la chasse aux Turcs, d’autres moins dans le contexte (un zapatiste aussi ordurier qu’adipeux, un jeune indien au profil de « bon sauvage ») – les nationalités se croisent, se toisent, se haïssent, finissent souvent par s’entretuer, mais en tout cas ne se mélangent pas.

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Un lien secret unit pourtant Liro Tana, capitaine rimbaldien d’un cargo norvégien chargé d’armes, et cette jeune métisse qui embarque pour l’Amérique. Ce lien passe naturellement par la mer, dernier espace de liberté et d’aventures, selon le poncif.

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On lève l’ancre grâce à l’encrage: peu de mots, des lignes épurées, parfois pas de ligne du tout à l’horizon – un navire et son panache de fumée dessinés en quelques tracés élégants, suspendus alors comme en apesanteur, pas plus de traits qu’il ne faut dans les visages. Aplats de couleurs tranchées mis à part, l’initiateur de ce style est Hugo Pratt (dont les personnages sont quand même plus bavards), mais on pense aussi à Mathurin Méheut, maître breton du croquis qui connut les tranchées.

Priorité à l’efficacité expressive et la fluidité. La figuration narrative ou documentaire dérive ainsi vers un songe abstrait. Une réussite.

Malo

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