La Toile nous a permis de franchir virtuellement des milliers de kilomètres et des frontières diverses pour tisser des liens d’amitié avec Asaf Hanuka, suite à la chronique que nous avons faite ici de K.O à Tel Aviv. Cet album, publié en France aux éditions Steinkis, est une belle découverte de l’année qui s’achève.

© Steinkis

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Quelques semaines après la grave crise qui a une fois de plus secoué son pays, Asaf a accepté de répondre à quelques questions, entre Hanoukka et Noël, au moment de la trêve de fin d’année. Nous l’en remercions vivement – ainsi que notre spécialiste de l’anglais, AC, pour son aide précieuse, l’échange ayant eu lieu dans cette langue (english version here).

© Asaf Hanuka

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Brest en bulle : D’où t’est venue la passion du dessin ? A quel moment t’es-tu dit que cela deviendrait ton métier ?

Asaf Hanuka : C’est un mélange de plusieurs facteurs. J’ai toujours aimé dessiner et, enfant, j’étais fou des magazines de bande dessinée américains. Avec mon frère, l’illustrateur Tomer Hanuka, nous copiions les cadres des X-men et inventions des histoires imaginaires (nous ne pouvions pas lire l’anglais). En grandissant, j’ai réalisé que le dessin était un bon prétexte pour rester à la maison et être seul dans un coin, ce qui est depuis mon activité favorite. Donc, devenir illustrateur était le choix idéal à la fois pour mon tempérament créatif et pour mon déficit de sociabilité.

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Je voulais sans doute devenir quelqu’un d’autre, sortir de la vie israélienne ennuyeuse que je menais dans ma banlieue de classe moyenne dans les années 80. Les BD étaient si colorées et vivantes que je voulais tout simplement disparaître à l’intérieur. Comme ce n’était pas possible, le compromis a été d’en créer.

BeB : Comment as-tu appris ton métier ? Comment s’est passée ta formation à Lyon ? Quel lien entretiens-tu avec la France ?

A.H : Je suis allé étudier l’art commercial à Lyon car je voulais connaître ce qui, dans l’art, se réfère à la “French touch”. Cela veut dire que le dessin est correct, que ça marche. A l’école d’art Emile Cohl à Lyon, on trouve une véritable science du dessin et de la peinture. J’y ai passé trois années excellentes. Quand j’ai eu mon diplôme, j’ai déménagé à Paris et une année plus tard, il était temps de rentrer à la maison en Israël. Je suis un grand fan de la BD française, j’admire la variété des styles et des sujets et j’y puise beaucoup d’inspiration.

BeB : Quelle est ta plus grande satisfaction sur le plan professionnel jusqu’ici ?

A.H : A chaque fois que j’ai un mot de quelqu’un qui a été touché par mon travail, ou que ça lui a fait penser à quelque chose, alors je sens que j’ai fait quelque chose de bien.

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BeB : A quoi ressemble la vie dans une ville et dans un pays en état, sinon de guerre, du moins d’alerte quasi-permanent ?

A.H : On s’y habitue. Il y a une certaine urgence à faire les choses car on sait au fond de nous qu’on ne sera pas là à tout jamais. C’est plus difficile de faire des projets sauf si c’est pour la semaine suivante. On prévoit toujours un départ potentiel tout en vivant une vie normale.

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BeB : La fête d’Hanoukka se termine actuellement. Quelle place tient la religion dans ta vie ? Comment te situes-tu sur ce sujet par rapport aux autres Israéliens ?

A.H : Je célèbre les fêtes comme la plupart des gens en Israël car cela fait partie de la culture juive et mes enfants adorent les repas et les bougies. Mais sinon je ne vais pas vraiment à la synagogue et je ne prie pas vraiment. Je suppose que chacun en Israël a une approche un peu différente, comme partout ailleurs.

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BeB : Pour terminer quels sont tes projets ? Sur quoi travailles-tu en ce moment ?

A.H : Un roman graphique en couleur de 150 pages fait en collaboration avec mon frère Tomer et l’écrivain Boaz Lavie. Ça s’appelle « The Divine » (Le divin). Il sera publié en France par Dargaud.

Propos recueillis par Malo.

Les images sont issues du blog de l’artiste, The Realist, et du site de son éditeur français, Steinkis.