Brest en Bulle : Peux-tu nous parler de ton parcours ?
François Gomès : Eh bien, j’ai commencé avec un ami, Pierre Angot que j’avais rencontré pendant mon armée. On jouait comme des malades aux JDR et donc en revenant à la vie civile on a créé notre propre magazine de scénarios, « Lunatic Asylum », car on était frustrés de ce qu’il y avait en commerce. Je me suis fait repérer par un scénariste de BD, Vincent Arnoul, lors d’un salon à Paris.
J’ai signé mon premier album aux éditions Nucléa; l’album n’est jamais sorti car la maison d’édition a mis la clef sous la porte quelque temps après mais cela m’a permis de rencontrer Jean-Luc Istin et Bruno Stambecco. Avec Jean-Luc, j’ai travaillé ensuite pour un album chez Soleil, « Skott Lander » qui n’est jamais sorti (encore…). Ensuite, il m’a proposé de dessiner sur sa série de collectifs des Contes du Korrigan, j’en ai enchaîné 5 au total puis on a travaillé sur les Terres de Sienn, Jean-Luc en tant que co-scénariste avec Nicolas Pona. Entre temps, j’ai eu l’occasion de participer à différents collectifs pour les éditions BD Force, une maison d’édition suisse, dont 2 avec Carol Ann Bañuls au scénario. Celui sur l’antisémitisme n’a pas été évident à faire car écrire 4 pages sur l’inquisition espagnole c’est quand même un challenge, donc chapeau à elle.
Et enfin, en parallèle à la BD, depuis 3 ans, je réalise quelques illustrations pour la jeunesse pour différents éditeurs.

BeB : Nous t’avons découvert sur les albums des Contes du Korrigan dans lesquels tu illustrais le fil rouge de l’histoire. N’est-ce pas compliqué de faire le lien entre les diverses histoires et donc styles graphiques ?
FG : Non, le plus dur est pour le scénariste car c’est lui qui doit tout gérer. Ronan Le Breton me donnait le scénario et si je devais dessiner des personnages qui apparaissent dans d’autres contes, il me passait les planches des autres dessinateurs donc non, ça n’a pas été compliqué car il nous donnait tout ce qu’il nous fallait pour qu’on ne se concentre que sur notre travail et qu’on ne s’occupe pas des différents problèmes de liens entre les contes.

BeB : Suite à ces divers albums, tu signes ton premier tome des Terres de Sienn. Comment as-tu rencontré ton scénariste ?
FG : Comme je te l’ai dit j’ai rencontré Jean-Luc chez Nucléa; avec Nicolas Pona, ce qui est marrant c’est que, pendant la réalisation du premier album, on ne s’est parlé qu’au téléphone ou via internet, je ne l’ai rencontré que lors de la première séance de dédicaces; la BD c’est comme ça maintenant: on travaille souvent avec des personnes qu’on ne rencontre parfois qu’après que l’album soit dans les bacs, ce qui n’enlève rien au plaisir de travailler avec ces personnes !

BeB : Par rapport aux Contes du Korrigan, nous changeons d’univers avec les Terres de Sienn, la transition a-t-elle été difficile ?
FG : Au contraire, je suis d’abord un joueur de Donjons & Dragons et d’autres JDR. Le celtique c’est vraiment par hasard que je suis tombé dedans; Arthur, Merlin, les Korrigans, j’en avais entendu parler mais je ne connaissais pas, par contre l’heroic-fantasy, Conan, le Seigneur des Anneaux, ça oui; donc quand je me suis mis à travailler sur Terres de Sienn, j’étais parfaitement dans mon univers.

BeB : Nous suivons dans cette série une troupe d’aventuriers totalement en décalage avec les codes du genre (heroic-fantasy). Est-ce plus attractif de dessiner des personnages qui changent de l’ordinaire ?
FG : Je ne pense pas vraiment qu’il y ait de code. Dans l’heroic-fantasy on doit suivre des héros. Là, les héros n’en sont pas, un peu comme dans les Chroniques de Riddick, ce sont des anti-héros, et c’est donc beaucoup plus attractif de les dessiner. J’aime ce côté noir et pas gentil; Sadwin assume totalement son côté sadique et avide de pouvoir, Laam un peu moins et c’est ce qui la rend attachante et changeante, on ne sait pas sur quel pied danser avec elle; Frozzen est également très intéressant à dessiner car il est monstrueux et en même temps c’est le plus gentil, le plus intelligent, par contre faut pas le chercher (lol); Absynthe est mystérieuse, elle cache son jeu.
Je dirais que tous ces personnages sont plaisants à dessiner car tous différents les uns des autres.

BeB : Depuis le premier tome des Terres de Sienn, nous t’avons vu également faire de l’illustration pour la jeunesse avec Tom Patate. Peux-tu nous parler de cet album ?
FG : En fait, j’ai commencé avec 2 petits romans aux éditions du Pré du plain, « Entre ciel et cimes » et « Entre terres et signes », des histoires écrites par un scientifique sur le monde des insectes.
Et puis, plus tard, Tom Patate aux édition Graine2. Tom est un petit garçon aussi grand qu’une cuillère à café et qui se réveille dans une patate. Il ne sait plus qui il est et est adopté par les animaux du jardin. C’est une série de 3 tomes écrite par Emmanuelle Maisonneuve. J’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à illustrer ces romans, j’ai réalisé une soixantaine d’illustrations par tome, chaque livre fait 140 pages à peu près, et puis ça m’a permis de ne travailler qu’au crayon et de faire du dessin animalier en même temps que des fées.
Ensuite, j’ai réalisé un autre livre jeunesse qui est sorti en septembre 2012 aux éditions Hachette jeunesse: Le secret des 5 soleils d’Égypte; je me suis occupé des illustrations crayonnées.

BeB : As-tu actuellement de nouveaux projets en cours de préparation ? Si oui, peux-tu nous en parler ?
FG : Tout d’abord Terres de Sienn qui sort en avril 2013; ensuite un livre jeunesse aux éditions graine2, Voyages extraordinaires avec Ronan Le Breton qui a écrit l’histoire. On avait envie de se retrouver sur un projet, par forcément BD, mais bon là en l’occurrence c’est un mélange d’illustration et de BD, il fera 140 pages à peu près et j’ai travaillé différentes techniques: illustrations et planches BD à la plume avec plein de petits traits, d’autres en camaïeu et quelques crayonnés, pas de couleurs.
C’est un livre ou l’on voyagera pour le premier tome en Finlande, on y suit un petit garçon et son papa photographe, qui travaille pour un magazine genre Géo, donc voyage et aventures extraordinaire. Le deuxième tome sera sur le Japon, mais je ne suis pas encore dessus.
Pour les projets BD je suis en plein dans les essais, avec des univers complètement différents des Contes du Korrigan ou Terres de Sienn; cela va de la BD jeunesse avec Carol Ann Bañuls au triller fantastique avec Rémi Guérin ou au Steampunk avec quelqu’un d’autre; je pourrai t’en dire plus d’ici quelques mois quand j’aurai avancé ou signé quelque chose.

BeB : Pour finir, que peut-on te souhaiter pour la suite ?
FG : De continuer à dessiner et dessiner et dessiner, car à l’heure actuelle, il est de plus en plus difficile de pouvoir vivre de ce métier, mais je m’accroche.

Propos recueillis par Bouri