© Futuropolis

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Le deuxième tome d’Un sac de billes vient de paraître chez Futuropolis. Kris (au scénario) et Vincent Bailly (au dessin et à la couleur) nous racontent la fin du périple de Joseph et de Maurice, les deux frères Joffo que l’on retrouve avec plaisir et tendresse. Pour fuir la Gestapo, ils sont passés en zone libre et l’album s’ouvre sur le village solaire de Menton où les frangins rejoignent leurs aînés qui se sont déjà installés comme coiffeurs.

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Les fenêtres ouvertes sur la mer, les couleurs chaudes des planches, le foot, les vagabondages dessinent une parenthèse d’insouciance pour les héros et on en oublierait presque la guerre… Elle est pourtant toujours là avec son cortège d’angoisses, de suspicions. Les parents sont arrêtés et les grilles du camp de Pau assombrissent le soleil naissant. Il faut revenir à la réalité, grandir, même si  Joseph joue encore aux billes dans la cour de l’école. La fuite continue et la BD va nous conter ainsi le départ des Italiens, l’arrivée des Allemands en 1943 qui renvoie la fratrie éclatée sur les routes.

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Kris retrouve ici un sujet qu’il connaît bien et parvient à retranscrire toute l’originalité de ce récit autobiographique: l’histoire  rapportée du point de vue des enfants, de ce duo de gamins débrouillards à qui Vincent Bailly apporte la vivacité et la fraîcheur de son trait. Leurs yeux, effarés parfois, restent ouverts sur le monde où il faut encore et toujours mentir, se méfier, ruser… et nier jusqu’à son identité.

Bernard Clavel disait du roman, paru en 1973, qu’il aurait pu être le livre de la haine mais qu’il était en fin de compte « un cri d’espoir et d’amour ». C’est le cas aussi de l’album qui, respectueux du texte, évite le pathos et les larmes faciles. L’aventure met en lumière ceux qui aident, le curé de la rue Buffa à Nice, ou monsieur Subinagui, le directeur de « Moisson Nouvelle », un camp d’éducation subventionné par le gouvernement de Vichy; les enfants trouvent refuge, audacieux paradoxe, dans la gueule du loup !

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L’album se termine dans Paris libéré, rue Marcadet. La vitrine du salon de coiffure des Joffo reflète les visages souriants des deux frères qui rentrent enfin. La dernière planche nous fait prendre de la hauteur et partager ces retrouvailles silencieuses.

Les dessins préparatoires, visibles sur le blog de Vincent Bailly laissent penser qu’il y aura une suite: l’adaptation de Babyfoot, dernier roman de la trilogie autobiographique de Joseph Joffo.

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