Hommes à la mer – Riff Reb’s

« Il y a trois sortes d’hommes : les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer. » Cette citation liminaire et les récits qui suivent engendrent une série d’interrogations.

 

hommes à la mer

© Noctambule / Soleil

 

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Ainsi, la première histoire (les Chevaux marins, W.H. Hodgson), poignante, conduit à se demander ce qu’il advient de ceux qui vont sous la mer. La suivante (La Chiourme, P. Mac Orlan) donne à ce questionnement un autre éclairage, quand un « bonnet rouge » (rien à voir avec les activistes actuels) entraîne par le fond une belle aristocrate.

La deuxième adaptation de Mac Orlan pose une nouvelle question : qu’en est-il de ceux qui marchent sur la mer, autrement dit de ceux qui osent s’aventurer sur la plaine marine quand elle se solidifie sous l’effet du froid et devient banquise ?

L’album présente une alternance d’extraits de classiques illustrés en noir et blanc et d’adaptations de nouvelles en quelques planches. Les époques et les ambiances abordées sont diverses, le trait varie en conséquence : strié et dru comme un grain sur une planche, il prend de la rondeur et de l’ampleur sur une autre, au gré des flots décrits et des aventures qui s’y déroulent. Les couleurs sont au diapason de la dramaturgie, clignotant comme les lumières d’un phare, d’un feu d’artifice ou d’un orage.

Lire les 6 premières planches sur le site de l’éditeur

© Noctambule / Soleil

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Le Floc’h, Chabouté, Flao, Lepage… Ces dernières années, des dessinateurs de grand talent se sont confrontés au thème de la mer. La singularité de Riff Reb’s réside dans ce style proche par certains aspects du cartoon (cela n’a rien de péjoratif) auquel il insuffle un impact émotionnel explosif. A cet égard, le point paradoxalement culminant de l’album se situe peut-être dans Le Naufrage (d’après Stevenson), modèle de strip mariant humour noir et philosophie pour le meilleur et pour le pire.

A l’heure où des pilotes de course régatent en Atlantique comme s’ils se tiraient la bourre dans une simple baie ou en rade de Brest, le pouvoir de fascination qu’exerce la mer sur l’homme est-il intact ? Recèle-t-elle toujours en son sein une énigme fondamentale, mélange d’attraction et de répulsion, pour ce mammifère que l’évolution a rendu essentiellement terrien ? La réponse que livre Riff Reb’s dans ce troisième volume consacré à l’adaptation – libre, comme il se doit sur ce thème – de récits de grands écrivains, est sans ambiguïté ; et il est peu probable que Loïck Peyron le démente.

 

© Noctambule / Soleil

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Malo.

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