Quand un auteur majeur (Christophe Blain) rencontre un ancien conseiller de Dominique de Villepin (répondant au pseudonyme d’Abel Lanzac), cela donne un résultat détonnant, une bande dessinée tonitruante : Quai d’Orsay, dont le tome 2 est sorti à la fin de l’année 2011, aux éditions Dargaud.
L’histoire contée est celle du ministre des Affaires étrangères Alexandre Taillard de Worms et de ses « chargés du langage », experts en communication. Dans ce second volume, la fine équipe se trouve empêtrée dans les affaires inhérentes au Lousdem. Les Américains souhaitent une intervention militaire contre ce pays : ils ont soi-disant la preuve de l’existence d’ « armes de destruction massive ». La France des Droits de l’Homme et du Général de Gaulle se dresse. De Worms s’oppose !
Pas besoin d’être sorti de l’Ecole Normale pour y voir une satyre, à la fois acerbe et hilarante, de la crise irakienne de 2002-2003.
Le jeune Arthur Vlaminck est chargé de rédiger les discours du ministre français, destinés aux Etats-Unis de Cole (Colin Powell), à la Russie de Michaïl (Igor Ivanov), à l’ONU. Il encaisse les sautes d’humeur, les colères, les élans poético-mystiques, les ordres et les contre-ordres incessants de son patron, plus déchaîné que jamais. Le pauvre bougre stresse à mort, fume comme une chaudière, passe des nuits blanches. Il craque, se ressaisit, re-craque… Evidemment, sa santé et ses amours en pâtissent, mais le maître n’en a cure…. Arthur subit donc, encore et encore, les impacts de celui qui est la fois son idole et son bourreau. Il n’est qu’un petit garçon et l’autre se prend pour le Minotaure…
La farce qui se joue à l’échelle planétaire est quant à elle énorme… et tellement réelle ! Rappelez-vous, ces choses-là sont arrivées, il y a moins de dix ans.
Au final, c’est donc un terrible tableau de la diplomatie internationale qui est donné par le duo Blain-Lanzac. Un portrait décapant, à mourir de rire et à grincer des dents !
Bert’