Au temps meurtri des guerres napoléoniennes, un navire français croise au large des côtes britanniques. A son bord, l’horrible capitaine Narraud, ancien négrier, vocifère contre la perfide Albion, autant qu’il s’amuse de l’intrépide Nelson. Ce dernier, innocent chimpanzé arraché jadis à sa terre nourricière, porte avec élégance l’uniforme de la Grande Armée, dont on a cru bon de l’affubler.

Soudain, la mer grossit et l’orage gronde. Un éclair blanc et le bateau sombre.

Par miracle et par déveine, l’animal survit au naufrage. Il sera bientôt emporté dans un autre tourbillon : celui de la haine et de la bêtise humaine. Ce genre de choses qui traversent les frontières et les âges…

© Delcourt

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Largement inspiré d’une légende d’outre-Manche, quelque peu tiré par les poils d’outre-hanche, le récit de Wilfrid Lupano se veut un plaidoyer virulent contre le nationalisme et la xénophobie. S’appuyant sur une galerie de personnages pour le moins réussie, maniant avec habileté un humour que l’on qualifiera volontiers de cynique, l’auteur atteint son but de manière indéniable. Le rejet de l’étranger et l’intolérance sont le fait des rustres et des idiots. Tout cela est absolument indigne de nous autres, grands primates a priori dotés de cerveaux.

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Jérémie Moreau, issu du milieu de l’animation (il a notamment travaillé sur les personnages de Moi, moche et méchant), rend de son côté une fort belle copie au dessin et à la couleur. Adepte des univers absurdes, abscons, irrationnels, l’illustrateur a pu s’épanouir avec ce scénario taillé sur mesure. Nul doute qu’on le retrouvera bientôt engagé dans de nouvelles aventures !

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Le Singe de Hartlepool, paru dans la collection Mirages des Editions Delcourt, constitue au final une fable grinçante particulièrement réussie. Ce genre d’ouvrages étant devenu plutôt rare, cela méritait sans doute d’être dit.

Bert’

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