« C’est un livre qui se mérite, mon cher Monsieur. Il ne peut échoir qu’à quelqu’un qui connaît l’œuvre de Mac Orlan de l’intérieur. »

© Sixto

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L’avertissement sus-cité s’adresse à la fois à un personnage nommé Marin et au lecteur du livre d’Arnaud et Briac. L’immersion dans l’univers de l’écrivain se double donc d’une mise en abyme : personnage et lecteur sont logés à la même enseigne ; pas celle du Bon Chien jaune, mais de Léon, bouquiniste rue Turenne à Brest.

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Selon un dicton bien connu « on ne passe jamais par Brest, il faut avoir une raison d’y aller ». Marin en a une bonne : dans l’espoir de mettre un terme à sa thèse sur Mac Orlan, il débarque dans la cité du Ponant pour y rencontrer Léon qui prétend avoir en sa possession un manuscrit inédit de l’écrivain. Ce dernier n’est-il pas l’inventeur du concept de « fantastique social » ? Marin le sait forcément; en revanche, il ignore qu’il va avoir l’occasion de l’expérimenter… de l’intérieur.

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Qu’on se rassure: le livre n’est pas réservé aux spécialistes; le scénario est au contraire conçu comme une initiation à l’œuvre de Mac Orlan. Arnaud Le Gouëfflec a imaginé une énigme de roman d’aventure malicieusement anachronique, carte au trésor à l’appui, teintée d’une fantaisie issue de son propre univers, proche à bien des égards de celui de Tim Burton : étrange fête d’Halloween dans un hangar du port ; plus étrange encore ce commissaire Bourrel qui pourchasse Marin avec ses faux airs du Pingouin de Batman returns.

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Dans sa quête, Marin parcourt les lieux emblématiques de Brest : la rue de Siam, la place Guérin, le pont de Recouvrance, le port de commerce… et rencontre deux oiseaux de nuit qui deviennent ses compagnons: Teuz, sorte de Jean-Michel Basquiat qui aurait repris l’œuvre de Paul Bloas dans l’ancienne prison de Pontaniou; et Marguerite, forcément, rousse incendiaire convoitée par Bourrel, tenancière d’un cabaret, le Diable dans la bouteille, qui rappelle furieusement le Lao Tseu d’un album précédent de Briac. On le voit, le récit regorge de clins d’œil et d’échos.

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Dans son style pictural si caractéristique, Briac donne merveilleusement corps, par le travail des couleurs, aux différentes ambiances que traversent les personnages lors de leur pérégrination dans la nuit brestoise. Certaines planches sont de véritables tableaux, tels ces deux vues du port, de nuit et à l’aube.

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Les avis de l’artiste et de l’éditeur, Lionel Durand des éditions Sixto, concordent pour dire que l’impression sera à la hauteur du superbe travail plastique de Briac. Vivement le 14 mai ! (Il se murmure que le livre pourrait être disponible avant; renseignez-vous auprès de votre libraire favori)

Malo.

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