Michaël Le Galli et Arnaud Bétend interpellent la mémoire collective, friable et sélective, en évoquant dans Batchalo le génocide dont furent victimes les Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale. Tandis qu’on les maltraite  aux quatre coins de l’Europe, alors qu’on les expulse manu militari du « Pays des droits de l’Homme », ceux qu’on appelle plus communément « Roms » aujourd’hui portent en eux le poids de ce passé si douloureux. Dans le dossier documentaire qui accompagne leur livre, les auteurs rappellent que la folie barbare des Nazis a coûté à cette communauté plus de 500 000 vies…

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Février 1939 – Quelque part en Bohême

Deux enfants ont disparu. L’angoisse et la colère sont à leur comble. Forcément, on accuse ces gens qui vivent en marginaux, dans des roulottes, un peu à l’écart de la ville. Pourtant, il faut rapidement se rendre à l’évidence : les Tsiganes sont innocents. Eux aussi doivent déplorer la disparition de leurs bojaturi. D’ailleurs, ils s’organisent en conséquence et s’apprêtent à lever le camp pour partir à leur recherche. Josef, père du petit Roman et policier de son état, décide aussitôt de se joindre à eux.

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Ravisseurs et kidnappés ont laissé des traces dans la neige… Le terrible  jeu de piste peut donc commencer.

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L’enquête, menée conjointement par le gadjo et les Bohémiens, tourne bien vite au calvaire. Elle se terminera au camp d’Auschwitz-Birkenau. Autant dire en Enfer.

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Batchalo est le fruit d’un travail de longue haleine, le résultat d’années de recherches approfondies menées par Michaël Le Galli dans les domaines de l’histoire et de l’ethnologie. Son scénario apporte bien des informations sur les us et coutumes des Roms, sur leur langue, sur leur culture. Il apporte bien sûr aussi sa pierre à l’édifice en rappelant les crimes commis par le Troisième Reich à l’encontre de ce peuple.

Les agissements les plus atroces sont d’ailleurs évoqués dans le livre. Le docteur Mengele, que l’on surnommera plus tard « l’Ange de la Mort », a malheureusement bel et bien existé.

Illustrer une telle histoire n’a pas dû être facile tous les jours… Le trait réaliste du jeune dessinateur Arnaud Bétend, les tonalités sépia qu’il donne à ses planches, conviennent parfaitement au récit.  Pour son premier album, le Lyonnais réalise avec tact quelque chose de tout à fait accompli. Nous lui souhaitons « Batchalo », c’est à dire « Bonne chance » pour la suite !

Bert’

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