Brest en Bulle : Peux-tu nous parler de ton parcours ?
Sandro : Après un diplôme de dessinateur maquettiste (graphiste) à l’école Auguste Renoir de Paris, j’ai été stagiaire dans une agence de Pub qui faisait de la com par la BD.
Ils m’ont encouragé à me mettre en freelance et c’est ce que j’ai fait. J’ai bossé pour la pub et l’illustration. Parfois même pour un éditeur BD qui ne m’a jamais signé un album.
En 2003, mon premier album, Ectis, est sorti aux éditions Nuclea. C’est là que j’ai pour la première fois rencontré JL Istin. Le tome 2 commencé ne verra jamais le jour car l’éditeur a fermé. Quelques années plus tard, j’ai de nouveau été en contact avec JL Istin, qui m’a proposé de travailler sur Les contes du korrigans T. 7 pour la collection Celtic aux éditions Soleil. Apparemment, les planches furent concluantes car ensuite j’ai continué avec l’adaptation de la nouvelle d’Anatole Le Braz, Le sang de la sirène. Ce fut également le début d’une belle collaboration avec François Debois au scénario.
Viendront ensuite Le Gardien du Feu en 2 tomes et Jusqu’au bout de la terre.
Après cet album nos chemin se sont séparés… Le titre était peut-être prémonitoire. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment. Je pense avoir quelques idées, mais on n’a pas donné suite au projet que j’ai proposé et on ne m’a rien proposé d’autre non plus… À la fin de l’album, on m’a juste souhaité bonne continuation…
Il a fallu vite rebondir, ce qui n’a pas été simple compte tenu de la conjoncture actuelle dans l’univers de l’édition de BD. J’ai même failli tout laisser tomber, raccrocher crayons et pinceaux. Mais la situation s’est décoincée petit à petit et j’ai su rebondir grâce à des amis et de nouvelles collaborations.
Depuis, j’ai donc fait Colomba (adaptation de l’œuvre de Mérimée) aux éditions DLC, qui est sortie en Septembre, et j’ai terminé Kirsten – la petite fille aux allumettes aux éditions du Quinquet, qui doit sortir en novembre.
Pour la suite, j’ai un album en cours chez Cleopas: Julien Ducasse avec Jacques Pavot, que je dois terminer normalement pour le premier trimestre 2013.
Il y a des projets, des choses qui se mettent en place aussi mais pour le moment je ne peux pas en parler.

BeB : Nous t’avons découvert avec la BD Le sang de la sirène chez Soleil Celtic. Depuis, plusieurs albums sont parus, toujours dans cette collection. La Bretagne t’inspire ?
S : La culture et le folklore bretons sont une mine d’or pour la BD. Istin a su exploiter le filon avec la collection Celtic.
C’est effectivement un univers qui inspire.
Comme j’ai pu le dire dans d’autres interviews, j’aime la mer et l’océan et les dessiner est un vrai bonheur. De plus, les paysages bretons ont inspiré plus d’un artiste et j’en fais partie.
La plupart des albums sont des adaptations d’œuvres écrites par A. Le Braz et il a une écriture vraiment formidable. Lorsqu’on lit ses nouvelles ou romans, on plonge dans la Bretagne de la fin du 19ème siècle. C’est une immersion dans le passé au milieu de gens qui vivaient en Bretagne à cette époque.
J’ai aimé faire ces albums mais je voulais faire autre chose et découvrir d’autres univers. C’est peut-être pour cela qu’on ne m’a rien proposé d’autre…

BeB : Revenons un peu sur ta dernière parution, Colomba. Changement d’univers… Est-ce difficile de changer de style ou cela permet-il d’éviter la routine ?
S : On change de décor, légèrement d’époque : on est plus dans la première moitié du 19ème siècle dans Colomba.
Je voulais faire autre chose et pourquoi pas revenir à la mer et la Bretagne… Plus tard…
C’est vrai que je n’aime pas la routine (c’est entre autres pour cela que je fais ce métier). Chaque page est une création nouvelle, il y a la possibilité d’explorer de multiples époques et univers, même si je suis plus attiré par certains que d’autres.
J’ai fait 4 albums sur la Bretagne fin 19ème, je voulais faire autre chose. Cela s’est fait, mais ailleurs et avec d’autres collaborations.
J’ai découvert le travail de Frédéric Bertocchini et j’ai apprécié son adaptation, son approche de l’œuvre de Mérimée. J’avais l’impression de lire un « western » corse.
Pour moi qui suis fan de western…
Comme je l’ai dit, on a la chance de faire un métier où il y a une infinité d’univers et d’histoires à traiter. Le principal est pour moi que l’histoire m’emporte et que je prenne plaisir à la dessiner.

BeB : Parlons de l’avenir… Quels sont tes futurs projets ?
S : Après Colomba, Frédéric Bertocchini m’a proposé de reprendre l’album Kirsten – La petite fille au allumettes (ed. du Quinquet) qui était très en retard et qui devait impérativement sortir en novembre prochain.
J’ai accepté le challenge. L’album a été réalisé sur moins de 3 mois. J’ai mis 2 mois pour le faire.
Mais cela grâce à une belle collaboration. Marko faisait le storyboard, je faisais les planches et Nuria Sayago les couleurs. On a travaillé en flux tendu sur tout l’album.
C’est également une belle expérience graphique qui m’a permis de faire autre chose de complètement différent de ce que j’ai pu faire jusque-là. Vraiment exceptionnel, mais très éprouvant… et je dois dire que c’est une collaboration qu’on a envie de reproduire sur un autre projet. Quand ? l’avenir nous le dira…
En attendant, je reprends le premier tome de la série Julien Ducasse, signé chez Cleopas, que j’avais mis en stand by.
Il y a d’autres choses qui se mettent en place mais je ne peux pas en parler pour le moment.

BeB : Pour finir, que peut-on te souhaiter ?
S : De ne plus me poser la question pour savoir si je continue ou pas ce beau mais « DUR » métier, que les projets futurs aboutissent… et que ma banquière m’appelle pour me dire que tout va bien.
Et puis aussi pouvoir continuer de faire voyager les lecteurs à travers mes pages de BD.

Propos recueillis par Bouri