« Alors, vous voulez que je vous parle un peu de mon enfance en Californie du sud ? »

L’album graphique publié à l’Association s’ouvre par des pages d’un bleu ou d’un jaune francs, et cette invitation au voyage. Nous prenons place à bord d’une voiture longeant les immeubles d’un paysage industriel contemporain qui va s’effacer au profit d’un cadre plus primitif. En effet la voix d’Alan évoque un passé que le dessin d’Emmanuel Guibert matérialise par un jeu de noir, de blanc ou de sépia.

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© L’Association

Il poursuit ici son travail biographique entamé en 2000 avec La guerre d’Alan parue en trois tomes, et revient aux origines, aux plus anciens souvenirs de celui qui était devenu son ami américain. Avec une simplicité apparente les planches de l’album décrivent une nature primitive et sauvage aujourd’hui disparue. Le récit intime se construit autour de sensations, d’anecdotes, de visages qui deviennent, le temps de la lecture, un peu les nôtres, tant la voix et le rythme posé du récit nous invitent à l’introspection.

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© L’Association

Il est question de l’école, des courses en chariot métallique dans le quartier, de la copine Ruthie et de cet univers propre à l’enfance. Le regard est émerveillé par les guirlandes électriques décorant les déodars géants pour Noël, curieux face à la grand-mère qui raconte comment un ours s’est, un jour, penché sur elle.

La vie est là, familière et simple, rythmée par les saisons. L’été permet les bains de mer dans l’océan Pacifique qui parfume l’air après une longue route en voiture. Face à ces vagues, l’enfant ne peut s’éloigner et la case enserre dans un mouvement délicat le geste intemporel de la mère qui conduit son petit garçon au bord de l’eau.

plage

© L’Association

Nous découvrons dans une chronologie liée à la mémoire, à ses hésitations, la famille Hanson & Cope ; les peines des grands-parents qui se retrouvent à la porte de leur maison après la dépression de 1929 ; George et Alton , les oncles qui travaillaient pour les chemins de fer ; une famille avec ses joies, ses malentendus ou ses secrets. Mais l’essentiel est l’enfance, ce passé dans une nature originelle sur laquelle Emmanuel Guibert s’attarde: les éléments, le vent, l’océan ou la montagne de la Sierra Madre, les plantes ; les faux-poivriers, les oliviers, le camphrier…

arbre

© L’Association

Cet ensemble vivant et odorant est à l’image du daguerréotype de l’arrière-grand-père et donne aux souvenirs d’Alan un cadre délicat et touchant. L’album se referme sur des pages plus sombres, mais reste une ode à la beauté et à la vie.

A noter: une exposition à la médiathèque Per Jakez Hélias de Landerneau permet de découvrir actuellement le travail réalisé par Emmanuel Guibert lors de son séjour à Kyôto au Japon. Cliquez sur l’affiche pour en savoir plus.

Expo-Guibert-Landerneau

Véro.

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